D’après André Leroy
Au Ier siècle, Pline et Columelle chez les Romains, puis Dioscoride chez les Grecs, ont mentionné brièvement le Malum ou Punum armeniacum (pomme ou prune d’Arménie, puisque c’est d’Arménie que les premiers abricotiers auraient été introduits en Grèce et à Rome). On a donc cru très longtemps que l’abricotier était originaire de ce pays, mais des études plus poussées on tmontré au XIX° siècle que l’habitat primitif de cet arbre était en Afrique du nord jusqu’à un parallèle allant du fleuve Niger aux revers de l’Atlas (il est par exemple spontané en Algérie).
Les invasions barbares semblent avoir mis fin à la culture de l’abricotier en Italie, il y est signalé comme très rare au XI° siècle, jamais mentionné dans les recueils des médecins de Salerne. Sa première mention arrive au XV° siècle par l’agronome Gallo, citant différentes variétés à amandes amères ou douces.
On sait qu’en 1530 la Suisse, l’Allemagne, l’Angleterre et l’Espagne avaient des abricots depuis un certain temps. La multiplication de l’abricotier dans les régions tempérées de l’Europe semble être le XVI° siècle, c’est alors un fruit de luxe, au-dessus de la pêche. Louis XIV en fait la promotion. On compte alors une dizaine de variétés environ.
Hypothèse d’introduction de l’abricotier en France : le roi René, natif d’Angers, régnait à Naples de 1428 à 1442, son goût pour les arbres et les fleurs est connu, on peut penser qu’il aurait rapporté des abricotiers et albergiers, qu’on retrouve effectivement en Touraine bien avant 1500.
Le premier pomologue qui en parle est Charles Estienne en 1530 : c’est encore un fruit peu répandu. Bauhin en 1595 mentionne 2 variétés : le gros et le petit (qui correspondent aux variétés d’abricot commun et abricot précoce). On pense d’après Olivier de Serres qu’il en existe 7, dont 3 alberges (il cite en plus l’abricot blanc et l’abricot de Hollande), Le Lectier n’en fait pas mention, La Quintinie en cultive 3 sans grand enthousiasme (l’abricot commun, le précoce et l’Angoumois), les Chartreux en proposent 4 dans leur catalogue (le commun, le blanc, le précoce et l’Angoumois), on sait que 7 seront transplantés au Jardin des Plantes. Duhamel de son côté en cite 14 avant la Révolution.
On note un engouement assez faible pour l’abricotier jusqu’au milieu du XVIII° siècle (on compte alors une vingtaine de variétés) ; la mauvaise appréciation de La Quintinie lui a sans doute porté tort (le terrain marécageux de Versailles est propice à sa culture et il a probablement obtenu des fruits de qualité médiocre).
C’est seulement au XIX° siècle qu’on verra l’essor des obtentions, jusqu’à une cinquantaine environ, dont la plupart sont françaises. Vers 1850, la France a répandu dans toute l’Europe et aux États-Unis ses variétés d’abricots.
Il est recommandé depuis l’Antiquité de greffer l’abricotier sur prunier, l’arbre est réputé assez capricieux jusqu’au XVII° siècle. Avec l’arrivée de l’espalier (Le Gendre), la culture de l’abricotier devient plus facile. Pour sauver ses fleurs de la gelée, il fait construire une sorte de toit et des auvents en toile, munis de rideaux qu’il fait tirer la nuit.
Pour obtenir des fruits plus gros, il est conseillé de recéper les arbres au-dessus de la greffe tous les 6-7 ans : les rejets obtenus donneront l’année suivante des fruits plus volumineux.
1 Dictionnaire de Pomologie contenant l’Histoire, la Description, la Figure des fruits anciens et des fruits modernes les plus généralement connus et cultivés. Édité à Angers chez l’auteur, 1867. Tome V.
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