D’après André Leroy
La première référence historique qu’on rencontre se trouve dans le 2ème Livre des Rois (chap. V, 22-24), qui situerait la scène vers 1070 avant J-C., mais l’arbre en question pourrait bien être un mûrier et non un poirier….
Homère parle de poiriers dans le Livre VII de l’Odyssée, sur l’île de Phéacie (aujourd’hui Corfou) et il semble avéré que les Grecs ont importé cet arbre d’Asie Mineure. Les témoignages des auteurs grecs dénomment 4 variétés différentes.
Pour les Romains, Caton en décrit 6 variétés vers 200 av. J-C., trois siècles plus tard, Pline en citera 35 de plus.
On ne sait si le poirier a été introduit en Gaule par les Grecs ou par les Romains, on sait en tout cas qu’il croît spontanément en France depuis fort longtemps.
Les premiers écrits français retrouvés sur les fruits sont les capitulaires de Charlemagne, qui a créé beaucoup de domaines avec jardins et vergers à travers son royaume. Dans le chapitre LXX du capitulaire « de villis », il recommande de planter les « espèces Dulciores, Cocciores et Serotina », variétés de poires à couteau, à cuire et à maturité tardive. Après Charlemagne, l’arboriculture fruitière n’est plus à l’honneur que chez les moines, qui conserveront les meilleures variétés de fruits et en augmenteront le nombre.
Il faut attendre le XIV° siècle pour retrouver un roi passionné d’arboriculture : Charles V fait construire vers 1365 le Palais des Tournelles et l’Hôtel St Paul sur les quais de la Seine à Paris, et il y adjoint des « jardins enclos qui contenaient de somptueuses collections d’arbustes, de fleurs et de fruits », dont on ne connaît malheureusement pas les noms, les renseignements nous venant des archives de la Chambre des Comptes de l’époque.
« Les arbres fruitiers, les plantes utiles, les légumes y disputaient aux fleurs, aux ifs, aux tilleuls, l’honneur d’embellir le verger… Des treilles, des tonnelles ou pavillons de verdure, s’y voyoient, et des arbres fruitiers de toute espèce à haute tige : l’usage des arbres nains et des espaliers n’étoit pas encore connu. Charles y fit mettre en une seule fois 100 poiriers, 115 pommiers, 1125 cerisiers et 150 pruniers. Ces fruits étoient destinés pour les tables du roi et des grands commensaux de leurs maisons : on ne servoit que des noix aux tables des officiers inférieurs. »2
A partir de Gutemberg, on écrit et traduit des ouvrages pratiques et des catalogues : Pierre de Crescens, Symphorien Champier, Charles Estienne en 1530 publie une liste de 16 variétés de poires nommées et décrites. En 1628, Le Lectier, procureur du roi à Orléans, passionné par l’arboriculture fruitière, publie un catalogue pour informer les amateurs de fruits et les inciter à faire des échanges. Dans ce catalogue inédit, 260 variétés de poires sont citées, classées par époque de maturité3 (d’août à mars). Il règne alors un véritable engouement pour le poirier, auquel son ami Olivier de Serres participera beaucoup dans son « Théâtre d’agriculture ».
Sous Louis XIII et Louis XIV, on peut véritablement parler de renaissance de l’arboriculture fruitière. Claude Mollet, intendant des jardins de Louis XIII, rapporte l’intérêt du roi pour ses plantations ; de même La Quintinie, créateur des vergers et potagers de Versailles, rapporte que Louis XIV allait souvent dans ses jardins et qu’il lui arrivait de tailler lui-même ses poiriers. Inutile de dire que les imitateurs furent nombreux…
Parallèlement, on comprend l’intérêt que peuvent avoir els semis pour l’obtention de nouvelles variétés, le docteur Nicolas Venette à La Rochelle est un exemple à citer.
C’est aussi au XVII° siècle que naît l’espalier4. Jacques Boyleau, sieur de la Baraudière, est le premier jardinier à l’utiliser aux Tuileries vers 1615. Olivier de Serres décrit en 1608 le mode de conduite d’arbres en contre-espaliers. Enfin Le Gendre, contrôleur des jardins fruitiers du roi, curé près de Rouen, perfectionne et propage ce mode de culture. (Pour l’anecdote, signalons que Voltaire sera plus tard le premier à faire des pyramides avec des poiriers.)
D’innombrables traités de jardinage fleurissent jusqu’à la Révolution, on peut citer quelques auteurs de référence5 : Merlet (1667) cite et décrit 187 variétés de poires, La Quintinie (1690) 67, Duhamel (1768) 119, Le Berriays (1785) 91.
De 1775 à 1789, les Chartreux établis à Paris propagent dans toute la France et à l’étranger plus d’un million de poiriers issus de leur pépinière (d’après leurs livres de comptes, on sait qu’ils ont vendu environ 14 000 arbres par an !). 102 variétés de poires sont décrites avec leurs synonymes dans leur catalogue de 1775, classées en variétés d’été (38), automne (30), hiver (25) et à cuire (9)6.
Au XIX° siècle, les échanges avec la Belgique et l’Angleterre se multiplient, Louis Noisette (1833) accroît les collections par des échanges avec les pépiniéristes belges (Van Mons) et atteint 238 variétés, Antoine Poiteau, attaché à l’administration des jardins et pépinières de la Couronne, (1846) 1077. On compte jusqu’à 900 variétés de poires à la fin du siècle, soit près de 3000 noms différents !
Les études ne cessent de s’améliorer pour la qualité des fruits, l’étude du sol, l’obtention de nouvelles variétés, la taille…. (cf. p. 61, voir p. 69 les variétés transportées pour la vente et les conseils de conservation depuis l’Antiquité jusqu’à la fin du XIX° s p. 72))
Dictionnaire de Pomologie contenant l’Histoire, la Description, la Figure des fruits anciens et des fruits modernes les plus généralement connus et cultivés. Edité à Angers chez l’auteur, 1867. Tome I.
D’après Villaret, Histoire de France ; 1767, Tome X, pp. 107-108.
Cf. A. Leroy pp. 44-47.
Espalier viendrait de l’italien spalliera,qui est peut-être la patrie de ce mode de conduite des arbres …
Cf. [A. Leroy] pp. 11-17.
Cf. [A. Leroy] pp. 50-51.
Cf. [A. Leroy] pp. 18-21.
Liste des variétés greffées pour étude
Ronde d’automne, variétés collectées sur le secteur de Lécussan (31) par les Guerch | |
Belle Héloise, variétés collectées sur le secteur de Lécussan (31) par les Guerch est-ce une poire Curé ? |
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Hiver Riao, variétés collectées sur le secteur de Lécussan (31) pour les Guerch Consommation en février mars |
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Hiver du lotissement, variétés collectées sur le secteur de Lécussan (31) pour les Guerch | |
Été du lotissement, variétés collectées sur le secteur de Lécussan (31) pour les Guerch | |
Rosée, variétés collectées sur le secteur de Lécussan (31) pour les Guerch Poire de conservation qui deviens rose à la cuisson |
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Mora (poire 1), variété collectée à Juzet de Luchon Assez petite : Maturité : juillet à consommer avant que le doigt ne marque nettement en appuyant dessus |
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Mora (poire 2), variété collectée à Juzet de Luchon Petite à moyenne, de petites taches brunes un peu partout. Maturité : octobre |
Listes des variétés rencontrées
Au fur et à mesure du temps et des moyens nous ajouterons une fiche descriptive et des photos, celles-ci sont accessibles par le lien sur le nom de la variété.